Burundi, chef de la junte militaire : “Quelqu’un de mon parti veut ma mort”

Étonnamment, le Président burundais Evariste Ndayishimiye (nom de guerre : Général Neva) affirme que quelqu’un complote pour l’assassiner. Ce quelqu’un serait au sein du parti au pouvoir : CNDD-FDD. Sans jamais le nommer, force est de constater que le Général Neva fait référence au Premier Ministre, son principal rival politique, le Maréchal Général Alain Guillaume Bunyoni, leader de l’aile faucon du CNDD-FDD. Cette déclaration met à nu la dangereuse rivalité interne au sein du gouvernement qui s’est traduite ces dernières semaines par des assassinats et des actes terroristes orchestrés par les deux factions politiques luttant pour la domination absolue.

« Il y a des gens qui veulent ma mort et ce ne sont pas des adversaires ! Ils font partie de notre parti”. C’est la déclaration choquante du Président Evariste Ndayishimiye, connu sous son nom de guerre : le Général Neva. Ndayishimiye a été élu président en juin 2020 après avoir truqué les élections de mai 2020 qui ont vu la victoire du candidat de l’opposition : Agathon Rwasa. Les faux résultats ont été rapportés à l’hôtel d’un entrepreneur italien à Naples, étroitement lié au régime burundais.

Le même mois de la nomination du Général Neva, le dictateur Pierre Nkurunziza est décédé des complications du Covid19. Une mort très étrange que s’est produite dans un hôpital rural géré par l’association de l’ancien gouverneur de Sicile, Totò Cuffaro sur la quelle planent divers soupçons.

Après la mort du dictateur, une junte militaire s’est installée au pouvoir. Outre le Général Neva, les plus fervents partisans de la domination raciale hutue sont arrivés au pouvoir, dont le Maréchal Général Alain Guillaume Bunyoni devenu Premier Ministre.

Par ce communiqué, le Général Neva rend publique la rupture au sein du parti du régime CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie) et de son aile militaire : Forces en défense de la démocratie. Depuis le début de l’année, il y a une lutte pour la suprématie totale entre deux courants au sein de la junte militaire. Le courant modéré du Général Neva (minoritaire) et celui des faucons menés par le Maréchal Général Bunyoni.

La lutte pour le pouvoir s’est intensifiée lors du processus de révision des relations entre le Burundi et l’Union Européenne qui prévoit la possibilité d’abroger les sanctions décidées par l’UE en 2016 pour les crimes graves contre l’humanité commis par le dictateur Nkurunziza à la suite de sa décision du 2015 d’obtenir un troisième mandat présidentiel et la révolte du sang qui en résulte réprimée.

Après la mort du dictateur Nkurunziza, deux factions politiques se sont créées au sein du CNDD-FDD. Le premier dirigé par le Général Neva (alias Evariste Ndayishimiye) se concentrerait sur une réforme du régime en proposant un semblant de réformes démocratiques. La seconde, dirigée par le Maréchal Général Alain Guillaume Bunyoni, voudrait maintenir la structure répressive et sanglante actuelle de la junte militaire pour mieux exploiter toutes les sales affaires du blanchiment d’argent à la contrebande d’or congolais, du trafic d’esclaves vers les pays arabes au trafic d’organes humains. Sale affaire où le soupçon d’implications de la mafia italienne de la Sicilie à la Naple est de plus en plus conséquent.

Le 20 septembre, le Général Neva a tenté d’assassiner son rival politique : le Premier Ministre Bunyoni. La tentative d’assassinat (la deuxième en moins d’un an) n’a pas abouti. En revanche, la sœur de Bunyoni, Madame Chantal Hatungimana, a été tuée lundi 20 septembre. Elle a occupé des postes importants au Ministère de l’Intérieur.

Le Premier Ministre Bunyoni a réagi en déchaînant les milices Imbonerakure (ceux qui voient loin) ancienne aile jeunesse du CNDD-FDD transformée en 2014 en milice paramilitaire sous le contrôle des terroristes rwandais des FDLR, très présents au Burundi comme alliés politiques militaires du régime .

Les Imbonerakures ont inauguré une saison de terrorisme pur en menant diverses attaques à la grenade dans des lieux publics à Bujumbura, Gitega, Ngozi et d’autres petites villes du Burundi qui font des dizaines de victimes civiles. Selon une enquête du journal sud-africain The Continet du groupe d’édition Mail & Guardian, les Imbonerakures sont soutenus et aidés par les services de police spéciaux du « Mobile Rapid Intervention Group ». Le Président Neva tente de les contrer avec le soutien des services secrets et d’une partie de l’armée. Les Imbonerakure arrêtés sont immédiatement exécutés sans procédure régulière.

La lutte interne du régime semble vouée à s’aggraver, créant toutes les conditions d’une guerre civile entre Hutus. Un grave problème pour le lobby pro-régime au sein de l’Union Européenne et pour certains lobbies religieux italiens qui tentent d’abroger les sanctions européennes imposées en 2016 pour des crimes graves contre l’humanité commis par le régime. Le plan de réactivation de l’aide européenne repose sur l’illusion de réformes démocratiques et de la stabilité du Burundi.

La guerre sans quartier actuelle au sein de la junte militaire répudie de manière flagrante la rose réalité virtuelle offerte par les lobbies pro CNDD-FDD en Europe. Les mêmes lobbies qui ont tenté (sans succès) une spéculation médiatique sur l’assassinat de l’Ambassadeur d’Italie au Congo : Luca Attanasio, blâmant le Rwanda voisin. Le groupe terroriste FDLR est toujours identifié par le gouvernement congolais comme instigateur de l’assassinat de Monsieur Attanasio.

L’affrontement interne au sein de la junte militaire a atteint un point de non-retour. « La violence exercée par le régime contre la société est désormais dirigée contre le régime lui-même. Nous devons comprendre que nous sommes confrontés à un régime qui a fait de la violence le seul moyen de gouverner. Au sein de ce régime, il n’y a pas de gens éclairés qui veulent une vraie réforme démocratique. Il y a seulement des lobbies politiques économiques qui se battent pour la suprématie absolue », note l’intellectuel David Gakunzi.

Parallèlement à la lutte interne du CNDD-FDD, une nouvelle campagne d’arrestations massives a été lancée par la police politique appelée « Documentation » visant les opposants hutus au CNL du leader Agathon Rwasa et contre la minorité tutsie. Dans les rues de Bujumbura, Gitega, Ngozi et d’autres villes il y a des pick-up de la police politique sans plaques avec des dizaines d’interpellés à bord. On soupçonne que la plupart d’entre eux sont éliminés par la suite.

Dans ce climat de violence et de luttes de pouvoir, l’opposition armée réapparaît. Le groupe rebelle RED Tabara a récemment attaqué l’aéroport international de Bujumbura et 3 autres endroits au Burundi. Les derniers affrontements ont eu lieu il y a une semaine. On soupçonne que RED Tabara bénéficie du soutien et de l’aide du Rwanda voisin, malgré la politique officielle de détente initiée depuis décembre 2020 par le gouvernement rwandais et le régime burundais.

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Fulvio Beltrami Freelance Journaliste Africa

The duty of a journalist is to write down the truths which the powerful keep secret. Everything else is propaganda. Italian Jounalist Economic Migrate in Africa